Proposition 54K2952

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Proposition de résolution concernant la ségration subie par les métis issus de la colonisation belge en Afrique.

General information

Authors
CD&V Peter Luykx, Els Van Hoof
Ecolo Benoît Hellings
LE Georges Dallemagne
MR Olivier Maingain, Sybille de Coster-Bauchau
N-VA An Capoen
Open Vld Annemie Turtelboom
PS | SP Stéphane Crusnière
Vooruit Karin Temmerman
Submission date
Feb. 21, 2018
Official page
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Status
Adopted
Requirement
Simple
Subjects
adoption of a child colonialism resolution of parliament nationality racial discrimination

Voting

Voted to adopt
Groen CD&V Vooruit Ecolo LE PS | SP DéFI Open Vld N-VA LDD MR PVDA | PTB PP VB

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Discussion

March 29, 2018 | Plenary session (Chamber of representatives)

Full source


President Siegfried Bracke

M. Miller, rapporteur, a la parole.


Rapporteur Richard Miller

Monsieur le président, chers collègues, je me sens honoré d'avoir été désigné comme rapporteur de la proposition de résolution relative à la ségrégation subie par les métis issus de la colonisation belge en Afrique. Cette proposition de résolution a été déposée par Mme de Coster-Bauchau et d'autres membres, comme le président vient de le rappeler.

Cette proposition porte sur un événement encore peu connu de l'histoire de la Belgique coloniale et pour cause, puisque cette histoire de la Belgique coloniale a très longtemps été bannie des programmes scolaires dans notre pays. Cet événement, c'est le déplacement et l'adoption forcés d'enfants métis lors de la décolonisation du Congo belge et du Ruanda-Urundi.

Ces opérations de déplacement s'inscrivaient dans la droite ligne de la politique de ségrégation appliquée dans les colonies et mandats belges d'Afrique. Les autorités plaçaient en effet les enfants nés d'un père blanc et d'une mère noire dans des établissements "ad hoc" dont le plus célèbre est, vous le savez, Save, où ces enfants recevaient, tenez-vous bien, chers collègues, une éducation "adaptée". Entendez donc bien ce mot. Que signifie-t-il? Cela signifie qu'il s'agissait d'une éducation hybride, meilleure que celle destinée aux enfants noirs, mais moins bonne que celle destinée aux enfants blancs. C'était impressionnant lorsque nous avons travaillé en commission et que tous ces éléments ont été portés à notre connaissance.

Lors des guerres d'indépendance, la Belgique, craignant des représailles sur ces enfants, décida avec l'aide de l'Église de réunir quelque 800 enfants et de les envoyer en Europe, pour qu'ils soient placés dans des institutions ou dans des familles d'accueil, dans les réseaux proches des autorités ecclésiastiques.

Ces enfants furent arrachés à leur mère biologique et la grande majorité d'entre eux furent affublés de nouveaux noms. Ceci explique l'importance de la problématique de l'accès aux archives, afin que ces personnes puissent retrouver leur véritable identité, voire, lorsque cela est possible, des membres de leur famille.

Je ne détaillerai pas le contenu de la résolution adoptée par la commission, afin de laisser aux auteurs le soin et le plaisir de présenter ce texte qui, comme vous l'avez compris, est d'une très grande importance pour les personnes concernées.

Il est impératif, à l'occasion de ce rapport, de reprendre quelques extraits des auditions qui ont été organisées en commission et auxquelles nous avons assisté. Celles-ci ont été l'occasion de moments empreints de beaucoup d'émotion et de douleur. Vous lirez dans le rapport écrit le détail de ces auditions, et en particulier, je me cite moi-même: "L'ébauche d'une doctrine coloniale belge concernant les métis et le métissage."

Je vous lis quelques extraits de cette doctrine. Il ne s'agit pas du point de vue de quelques-uns. Il est important de le comprendre. Cela a été transformé en une véritable doctrine, une véritable politique d'État.

En 1913, Joseph Pholien, qui sera premier ministre, déclare ceci: "Par la nature même des choses, les métis bénéficient des qualités et subissent les tares des deux races qu'ils représentent. Influencés par l'élément blanc, ils auront pour la race de couleur un réel mépris. Ils auront de la haine pour la race blanche, au sein de laquelle ils ne seront jamais admis sur pied d'égalité. Dès lors, dédaignant leur mère et détestant leur père, ils semblent justifier la boutade suivante: 'Dieu a fait l'homme blanc et l'homme noir, le diable a fait le métis'.

Sauf exception, les métis seront donc des éléments peu moraux et, dès lors, ils sont à craindre. Les métis constituent donc un élément qui peut devenir très vite dangereux. Il importe de chercher à en diminuer le nombre."

Je rappelle qu'il s'agit d'une citation de Joseph Pholien, qui sera un jour premier ministre.

Un an plus tard, le père Arthur Vermeersch déclarait - c'est aussi une citation que je me permets de reprendre: "À prendre une concubine noire, on subit une défaite. Quelques prétextes peuvent être ajoutés pour colorer cette capitulation. Pour la colorer, oui, mais de quelle couleur? N'est-ce pas une honte d'accepter la prévarication pour en tirer les avantages temporels? On ne transige pas avec le devoir. L'honneur chrétien est un honneur militaire. Il nous dit de mourir plutôt que de nous rendre à l'ennemi".

La phrase est assez tordue, mais elle signifie que, pour un blanc, il n'est pas acceptable de prendre une concubine noire.

Enfin, il manquait un scientifique. En 1930, le Pr. Pierre Nolf, qui enseigna à l'Université de Liège et qui fut aussi ministre des Arts et des Sciences, écrit ceci: "Un mulâtre est le dépositaire de caractères blancs et de caractères noirs juxtaposés, mais entre lesquels aucune fusion ne s'opère. À aucun moment de son existence individuelle, les chromosomes paternels ne contractent avec les maternels d'autres rapports que ceux de voisinage. Ma conviction intime, puisée à l'étude des lois de l'hérédité, est qu'il importe de décourager - voire d'empêcher par tous les moyens utilisables -, les mariages entre blancs et noirs au Congo ou en ce pays. Ces unions ne sont généralement pas heureuses pour ceux qui les contractent. Elles produisent des métis qui, n'étant d'aucune des deux races, forment un élément social instable et mécontent. Elles sont une grave menace pour l'avenir de la race blanche qui ne restera capable de remplir la mission civilisatrice qu'à la condition de préserver la qualité de son sang." Je n'invente pas, je lis!

C'est un scientifique belge, qui sera ministre des Arts et des Sciences, qui a tenu ces propos, dans les années 1930.

Malgré les mises en garde que je viens de vous lire – et il y en a d'autres dont je vous recommande la lecture dans le rapport –, le nombre d'enfants métis n'a pas cessé de croître. Ce que confirme un des grands penseurs de l'anticolonialisme, l'auteur du livre Les damnés de la terre, Frantz Fanon. Il écrit ceci dans Peau noire, masques blancs: "Le Blanc étant le maître et étant plus simplement le mâle, il peut se payer le luxe de coucher avec beaucoup de femmes. Cela est vrai dans tous les pays. Mais c'est bien entendu beaucoup plus vrai encore dans les colonies. C'est pourquoi, sans qu'il y ait mariage ou cohabitation entre Blancs et Noires, le nombre de métis est extraordinaire. C'est que les Blancs couchent avec des servantes qui sont noires."

Je dois à la vérité de signaler que, dans quelques cas, les enfants ont été reconnus par leur père biologique et que des mariages ont été contractés entre hommes blancs et femmes noires. Mais il y en avait infiniment peu. Par ailleurs, comme vous pouvez le lire dans les considérants de la proposition de résolution, certains avaient contracté un mariage coutumier. Mais ces mariages n'ont jamais été légalisés par l'État colonial belge alors qu'ils auraient dû l'être. Je tiens également à signaler que, le 25 avril 2017, l'évêque d'Anvers a présenté des excuses pour la part prise par l'Église catholique dans les souffrances imposées aux métis.

Chers collègues, la proposition de résolution, dont vous voyez toute l'importance, a fait l'objet d'un travail approfondi de la part des commissaires représentants les différents groupes politiques de notre assemblée. La volonté a été d'avancer de façon consensuelle. Deux propositions de résolution initialement déposées ont été unifiées. Le texte a également fait l'objet de nombreux amendements tant de la part de la majorité que de l'opposition.

L'ensemble de la proposition de résolution demandant que le gouvernement belge reconnaisse publiquement et solennellement la responsabilité de la Belgique dans cette situation et qu'il présente des excuses, tel qu'amendé et corrigé, a été adopté à l'unanimité. Je vous remercie pour votre attention.


President Siegfried Bracke

Je vous remercie pour cet excellent rapport, monsieur Miller.


Sybille de Coster-Bauchau MR

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, mesdames et messieurs qui sont encore présents et qui ont attendu, comme l'a dit le président, de nombreuses heures, je vous remercie de votre présence.

En tant que mère, le sujet dont nous débattons aujourd'hui me touche particulièrement. Car c'est bien de cela qu'il est question: de la souffrance de mères et de celle de pères séparés de leurs enfants et de la souffrance d'enfants séparés de leurs racines. Cette souffrance fut très perceptible durant la commission, lors des auditions et lors de la projection d'un film. On sentait encore l'émotion parmi certains participants.

Je voudrais également saluer le contexte dans lequel ce travail a été réalisé avec dignité et respect. L'ensemble des travaux (commissions, auditions, amendements) sur l'examen de ce sujet délicat, douloureux et ce, particulièrement pour ceux qui en ont été les victimes, a véritablement été empreint d'un respect de la situation vécue.

Je tiens particulièrement à remercier mes collègues, et Stéphane Crusnière dont la collaboration a été extrêmement active dans l'élaboration de ce texte que nous allons voter tout à l'heure et qui a été approuvé à l'unanimité dans la commission des Relations extérieures.

Un sujet tel que celui qui a été largement décrit dans le rapport – et je remercie M. Miller – méritait en effet le plus grand consensus. Pourquoi? Il faut souligner que ce genre de reconnaissance, dans notre pays, est un acte qui n'a rien d'anodin du fait de sa rareté et de sa force symbolique. Dès lors, l'acte que nous posons aujourd'hui est un acte fort, un acte rare, et il mérite que nous y soyons attentifs.

En quelques mots, je voudrais vous restituer, mais cela a déjà été fait, le contexte des événements en question. Il faut rappeler que la Belgique, à l'instar des autres puissances coloniales, avait mis en place une politique de ségrégation raciale au sein de ses possessions d'outre-mer. Mais l'apartheid n'était quand même pas comparable à celui qui avait cours en Afrique du Sud ou en Rhodésie britannique, ou même aux États-Unis jusque dans les années 1960 dans certains États. Ce régime de ségrégation a souvent été qualifié d'"apartheid soft", dans la mesure où il crée des catégories intermédiaires en droit et en prérogatives au sein même des populations non blanches, dont les métis, et selon des critères qui n'étaient pas exclusivement de race, mais aussi d'éducation.

L'opération de déplacement des enfants d'Afrique vers la Belgique dont il est question dans la proposition, puisque c'est de Save dont on parle principalement, a eu lieu dans ce contexte. Mon collègue vous l'a dit, les autorités coloniales avaient pris l'habitude de placer les enfants nés d'un père blanc et d'une mère noire – l'inverse était beaucoup plus rare – dans des institutions particulières, entre autres celle de Save au Rwanda, où ils recevaient une éducation adaptée à leur statut, c'est-à-dire hybride entre celle qui était proposée aux Blancs et celle qui était donnée aux enfants noirs.

Lors des indépendances, craignant pour leur sécurité et dans le souci de leur offrir une éducation de qualité, la Belgique, en collaboration avec l'Église catholique qui gérait la majorité des institutions dans lesquelles ils étaient placés, décide de rassembler à Save plusieurs centaines d'enfants métis qui sont issus du Rwanda, du Ruanda-Urundi, du Kivu, et de les envoyer en Europe pour les placer soit dans des institutions, soit dans des familles d'accueil souvent proches des autorités ecclésiastiques.

Dans ce processus, que se passe-t-il? Beaucoup d'enfants perdent leurs papiers d'identité, leur acte de naissance et ce, souvent, du fait que les autorités belges ou leurs représentants agissent dans la précipitation – volontairement ou non – conduisant au fait qu'ils perdent leur nationalité d'origine. Et cet "égarement", parce qu'on parle à l'époque d'"égarement de l'identité" de ces enfants, fut utilisé pour leur forger une nouvelle identité qui a évidemment permis de faciliter l'adoption de ces enfants par des familles belges ou européennes, voire américaines.

Tout cela s'est déroulé dans la négation du droit des mères biologiques restées en Afrique et dont l'identification reste, aujourd'hui, pour certaines, un défi. Il convient cependant de remarquer que pour certains enfants métis, leur père les avait reconnus lorsqu'ils étaient issus d'une union avec une mère rwandaise, burundaise ou congolaise.

Et aujourd'hui, notre assemblée va reconnaître les faits.

Nous demandons également et nous enjoignons le gouvernement à mettre en œuvre plusieurs actions permettant une réparation au moins partielle – on ne saurait réparer totalement – à destination des personnes qui ont subi, d'une manière ou d'un autre, les actions de ces autorités belges, dans les circonstances qui viennent d'être développées.

La Belgique ne peut pas se dégager de sa responsabilité envers des personnes qui sont aujourd'hui ses citoyens. Comme je l'ai dit, certains de ces enfants ont été privés de leur nationalité belge et ont dû faire face à de très nombreux problèmes d'ordre administratif. Il est donc important, et cela fait partie de leurs demandes, que leur situation soit régularisée pour qu'ils soient pleinement reconnus comme membres de droit de la communauté nationale qui est la nôtre et la leur.

En dernier lieu, je voudrais souligner que nous ne pouvons pas rester inactifs face à ce drame humain qui a mené à la séparation familiale engendrée par ce transfert vers l'Europe. Il convient, tant par l'ouverture des archives que par l'intervention de nos contacts dans la région des Grands Lacs, de faciliter l'identification des mères biologiques africaines ainsi que la mise en contact avec leurs enfants de celles qui seraient encore en vie. Cela est d'autant plus important que le temps presse puisque l'indépendance date de plus de 60 ans. Le cours de la vie ne nous a pas attendus et nous devons donc agir rapidement.

Nous voudrions également écarter dans la mesure du possible les parts d'ombre qui subsistent à propos des sources et des témoignages disponibles. C'est pourquoi nous demandons que le CEGESOMA soit chargé de mener des études complémentaires à celles qui ont déjà été menées, notamment à propos de la responsabilité de nos propres autorités dans ces circonstances, afin de brosser un tableau aussi exact que possible d'une situation que l'on ne peut pas réduire à la situation de Save, puisque nous avons appris qu'il y avait d'autres endroits où de tels faits s'étaient passés.

Il nous paraît important que le gouvernement puisse reconnaître publiquement et solennellement la responsabilité de la Belgique dans cette situation et s'excuser pour les manquements dont elle et ses représentants ont pu faire preuve à cette occasion. Je crois que notre pays en sortira grandi s'il regarde son passé en face. Il faut être capable de dire aux citoyens métis que leurs aspirations et leurs souffrances longtemps ignorées sont entendues aujourd'hui. C'est de l'ordre d'une justice réparatrice. Et, dans toutes ces matières, l'ensemble de la commission a agi avec empathie.

Il faut évidemment être prudent et tenir compte du fait que les circonstances de l'époque étaient différentes de celles d'aujourd'hui. La réalité était complexe. Il ne faut pas tirer des conclusions linéaires d'une telle situation. Au travers de cette résolution, nous avons tenté de donner la réponse la plus adaptée à une situation aussi compliquée.

Monsieur le ministre, je vous invite à être notre représentant auprès du gouvernement dans la tâche que nous lui confions. Chers collègues, je vous remercie d'avoir soutenu massivement cette résolution.


An Capoen N-VA

Mijnheer de voorzitter, collega's, toen ik achttien was en een studierichting moest kiezen, koos ik voor geneeskunde. Het idee van levenslang leren gecombineerd met wetenschappen vond ik uiterst interessant. Enkele jaren geleden belandde ik als bij wonder in het Parlement en ook hier kan men elke dag iets leren. Ook onderhavig voorstel van resolutie heeft mij iets bijgeleerd, een stuk geschiedenis dat mij tot nu toe onbekend was.

Ik ben er ook niet trots op dat ik dat nu heb moeten leren. Ik wil in eerste instantie mevrouw de Coster-Bauchau bedanken als initiatiefneemster van het voorstel van resolutie, die mij deze wijze geschiedenisles bijbracht.

De inhoud is hallucinant. Er zijn weinig woorden voor. Gelukkig hebben de rapporteur en de hoofdindiener de inhoud van het voorstel al uitvoerig besproken, dus ik kan het beperkt houden.

Natuurlijk zijn er in koloniale tijden kinderen geboren van Belgische vaders en Afrikaanse moeders. Die kinderen werden in vele, om niet te zeggen de meeste gevallen weggenomen bij hun moeder en in instellingen geplaatst.

Wat bezielde de Belgische Staat? Als moeder, als vrouw, als mens is dat moeilijk te plaatsen, maar toch is het gebeurd. Ten tijde van de onafhankelijkheid werden zelfs een duizendtal kinderen naar België gebracht en hier ter adoptie aangeboden of in instellingen ondergebracht.

Om een of andere reden dacht de Belgische Staat dat die kinderen een bedreiging vormden en had men schrik van hen. Dat is hallucinant. Men kan het zich nu moeilijk voorstellen, maar zulke praktijken gebeurden en werden zelfs door de Staat georganiseerd.

Dat had desastreuze gevolgen. De betreffende kinderen, nu zestigers en zeventigers, verloren bijna alles, niet alleen hun roots, hun familie, maar ook hun moeder en vader, die ze vaak nooit hebben gekend. Daarbovenop verloren ze vaak ook hun naam, want die werd aangepast toen ze naar hier werden gebracht. Ook hun geboortedatum was vaak niet meer te achterhalen, laat staan dat ze beschikten over de juiste papieren, documenten of aktes.

De zoektocht naar hun roots, die zij nagenoeg onmogelijk kunnen vinden, duurt voort. Nog steeds voelen zij de gevolgen van die praktijken. Er zijn problemen met de nationaliteit. Enkelen werden zelfs staatloos, toen ze terugkeerden naar hun geboorteland op zoek naar hun familie. Er zijn ook problemen met ontbrekende geboorteakten. Hierdoor ontstaan er natuurlijk problemen bij een huwelijk, omdat ze dan de vereiste papieren niet kunnen voorleggen.

We zijn begonnen met twee voorstellen van resoluties. Uiteindelijk werd de tekst gestroomlijnd door hoorzittingen en talrijke gesprekken met mensen van de associatie Metissen van België, die momenteel in het publiek zitten. Ik dank hen voor het feit dat ze hier nog aanwezig zijn, want het heeft lang geduurd. Meerderheid en oppositie hebben het voorstel van resolutie dus samen herschreven. Het is goed dat er hiervoor een breed draagvlak is, want het probleem belangt ons allen aan.

De tekst probeert het leed dat in het verleden veroorzaakt werd, te erkennen. Ik zal mij beperken tot de belangrijkste punten uit de hele rij vragen aan de regering. Zo willen wij een procedure voor de aanhoudende problemen met de nationaliteit en een oplossing voor de problemen met geboorte- en huwelijksakten. We vragen ook de medewerking van de ambassades en toegang tot de koloniale archieven met het oog op de opsporing van ouders en familieleden. Indien nodig, moeten die archieven daarvoor gedeclasseerd worden. Er moet ook contact worden opgenomen met religieuze ordes, zodat de slachtoffers ook in die archieven inzage kunnen krijgen.

De N-VA-fractie steunt onderhavig voorstel van resolutie en zal het voltallig goedkeuren.


Stéphane Crusnière PS | SP

Monsieur le président, chers collègues, mesdames et messieurs, ce texte illustre, si besoin en était, que le travail de mémoire de notre pays sur de nombreuses questions est loin d'être terminé. Ce travail doit être poursuivi avec conviction et volontarisme.

À la vue de ses compétences, de son passé et de ses ressources notamment scientifiques, l'État fédéral a un véritable rôle de fer de lance à jouer. C'est notamment l'objectif de ce texte qui vient conclure les travaux de fond que nous avons menés, comme plusieurs parlements fédérés qui ont lancé le mouvement, un mouvement que j'ai voulu continuer au niveau fédéral en déposant, avec plusieurs collègues de l'opposition, un premier texte en mai 2017, avant d'être rejoint, plusieurs mois plus tard, par la majorité.

L'important est que ces textes ont permis de lancer un débat et de tenir des auditions de fond au sein de notre commission. Ces auditions ont permis d'identifier des problèmes concrets et des réponses tout aussi concrètes qui pouvaient, qui devaient même être adoptées en premier lieu par l'autorité fédérale mais aussi par les autorités fédérées en bonne intelligence.

J'aimerais dès lors une nouvelle fois saluer ma collègue Sybille de Coster-Bauchau avec qui j'ai pu travailler pour arriver à un nouveau texte commun intégrant les spécificités de nos deux textes mais aussi des amendements déposés par plusieurs collègues ainsi que les conclusions de nos auditions.

J'aimerais aussi saluer les services et le président de la commission pour leur rapidité de rédaction qui a permis d'accélérer nos travaux. J'aimerais, enfin, plus particulièrement remercier l'Association Métis de Belgique pour sa collaboration constructive lors de la rédaction de cette résolution ainsi que toutes les autres organisations et personnes qui sont intervenues lors des auditions.

Une telle question mémorielle nécessite de recueillir le plus grand soutien politique possible bien au-delà de la classique césure entre majorité et opposition. C'est donc ce texte commun de consensus cosigné tant par la majorité que par l'opposition qui est, aujourd'hui, sur nos bancs. Sur cette base et sans vouloir refaire l'excellente intervention contextuelle de ma collègue, j'aimerais revenir sur le fond de ce texte et les actions concrètes dont nous chargerons le gouvernement.

La discrimination inacceptable dont furent victimes les métis issus de la colonisation belge en Afrique fut souvent considérée comme un sujet tabou en Belgique. Un tabou qui a conduit à de nombreuses blessures ouvertes, tant dans le chef des parents que des enfants concernés, comme les auditions l'ont montré.

Pourtant, on évoque ici des milliers d'enfants, des métis nés de l'union entre des hommes blancs en poste au Congo et au Ruanda-Urundi, et des mères rwandaises, burundaises ou congolaises. Ces enfants étaient appelés à l'époque "mulâtres". Un phénomène d'une ampleur telle que les autorités coloniales ainsi que l'État belge l'ont considéré comme un véritable problème, voire une menace, et l'ont abordé de façon spécifique. La décision a alors été prise: ces enfants allaient être systématiquement enlevés à leur mère et élevés par des religieux belges dans des orphelinats ou des pensionnats, en général à l'écart des Blancs et des Noirs. Ainsi, le pensionnat des Frères Maristes pour les "mulâtres" à Byimana, et l'institution pour "mulâtres" de Save, de la mission catholique des Sœurs missionnaires de Notre-Dame d'Afrique, ("les sœurs blanches"), sont des exemples marquants à l'origine de nombreux témoignages.

En 1959, juste avant les indépendances, l'État belge a organisé l'envoi d'un grand nombre de ces enfants en Belgique, où ils ont été mis sous tutelle, placés en maisons d'accueil, dans des homes, ou été adoptés par des familles belges. Il s'agit là de l'histoire de centaines d'enfants arrachés à leur mère, de fratries séparées, mais aussi de perte d'identité due aux différents changements de prénom, de nom, voire de date de naissance. C'est également une histoire méconnue qui a refait surface grâce à l'engagement des métis et de leurs descendants, aux travaux de chercheurs et à l'engagement de certains politiques.

Je pense ainsi aux différentes résolutions qui ont été adoptées au Conseil de la Commission communautaire française, au Sénat, au Parlement de la Communauté française, et aux excuses publiques du Parlement flamand, qui ont été présentées aux victimes des adoptions forcées, avec la complicité de l'Église catholique entre 1960 et 1980.

Face à cette terrible histoire, il ne sera jamais possible de panser toutes les plaies, mais hélas, ce n'est pas une raison pour justifier un quelconque statu quo. Le temps passe, et il presse pour que des actions politiques, scientifiques, symboliques et administratives soient entreprises. Il devrait s'agir d'actions coordonnées, d'autant plus nécessaires dans une Belgique fédérale où plusieurs compétences sont scindées entre les différents niveaux de pouvoir.

Si des avancées ont été réalisées dans ces compétences en matière d'adoption, notamment en Fédération Wallonie-Bruxelles, il est indispensable que chaque niveau de pouvoir compétent se penche spécifiquement sur la question essentielle au regard du travail de mémoire.

J'aimerais conclure avec les éléments les plus saillants du texte. Il contient une demande importante: que l'on examine la possibilité, dans le cadre de la législation belge, de mettre en place une procédure visant à octroyer ou à rendre la nationalité belge aux personnes métisses, ainsi que de prendre les mesures nécessaires visant à résoudre les problèmes subsistants liés aux actes de naissance et de mariage de celles-ci. Il est également primordial pour les métis de pouvoir compter sur la collaboration des postes diplomatiques belges afin d'identifier leurs parents biologiques. Dans le même ordre d'idées, l'accès aux archives est primordial. Il serait souhaitable de consacrer davantage de moyens à l'archivage et à la recherche, comme les auditions l'ont clairement montré.

J'insiste sur cet élément quand on voit à quel point ce gouvernement met les ressources scientifiques fédérales, pourtant précieuses, en péril, tant en termes budgétaires que de structures. Je serai donc particulièrement attentif à ce point.

Il convient également d'examiner comment les métis concernés peuvent obtenir une réparation morale et administrative pour les injustices dont ils ont été victimes. En outre, la proposition de résolution demande que soit érigée une stèle commémorative, en reconnaissance des souffrances des métis. Il appartient aussi à l'autorité fédérale d'assurer la coordination de toutes les initiatives nécessaires, y compris celles des entités fédérées, afin d'assurer la cohérence et mettre en musique toutes les bonnes volontés et initiatives pour que les obstacles concrets mis en lumière par nos auditions soient levés. Ils ne peuvent demeurer.

Enfin – et j'aurais peut-être dû commencer par là –, par l'adoption de notre texte, notre assemblée posera un acte fort en reconnaissant formellement la ségrégation ciblée dont les métis ont été victimes sous l'administration coloniale du Congo belge et du Ruanda-Urundi jusqu'en 1962 et suite à la décolonisation, ainsi qu'à la politique d'enlèvements forcés y afférente.

Si on ne peut évidemment se contenter des symboles – et c'est en ce sens qu'une série de demandes concrètes sont formulées au gouvernement, qui a les leviers –, je pense que leur poids ne doit pas non plus être sous-estimé. Ce sont ces mêmes symboles qui doivent jouer un rôle moteur permettant enfin à notre pays, dans l'ensemble de ses composantes, d'oser ouvrir et faire aboutir un travail de mémoire indispensable sur certaines pages sombres de notre histoire. Des pages sombres qui ont souvent conduit à de nombreuses souffrances humaines et à des déchirures.

N'oublions jamais que cette mémoire est une richesse qui doit guider nos actions citoyennes et politiques pour que le "plus jamais ça" trouve un écho lorsque, inexorablement, le temps passe et qu'on oublie. Il guette nos sociétés et menace notre vivre-ensemble.

Je vous remercie pour votre attention et, je l'espère, pour votre soutien.


Els Van Hoof CD&V

Mijnheer de voorzitter, geachte collega's, de voorliggende resolutie behandelt een thema dat voor veel betrokkenen nog steeds zeer gevoelig ligt. Bij ons allen die hebben deelgenomen aan de hoorzittingen en besprekingen heeft het de nodige emoties losgemaakt. Het is onze morele plicht om te erkennen dat wat de metissen tijdens de koloniale periode hebben meegemaakt, onmenselijk was. Denk aan de verschillende verhalen die we hebben gehoord over de verregaande segregatie, waarbij metissenkinderen werden weggeplukt uit hun milieu, gescheiden van hun moeder, broers en zussen, gedwongen geadopteerd of geïsoleerd werden, en dat omdat ze – we kunnen het ons moeilijk inbeelden – een bedreiging vormden. Ook onze fractie wil zich uitdrukkelijk aansluiten bij de verontschuldigingen die werden geuit voor het lijden dat de metissen hebben moeten ondergaan.

Juist vanwege de grote gevoeligheid van dit thema hebben wij voortdurend inspanningen geleverd om tot een resolutie te komen die wordt gedragen door de vereniging van metissen. Hierbij stonden respect en erkenning voor hun lijden voor onze partij steeds weer centraal, zowel in de Senaat als in de Kamer. Wil niet iedereen als volwaardig mens worden gezien, gehoord en gekend, en de mogelijkheid krijgen om alle puzzelstukjes van zijn identiteit bij elkaar te zoeken?

De tekst die nu voor u ligt, vraagt niet alleen begrip en erkenning voor de metissen en hun familie, maar vraagt ook om eigenlijk de persoonlijke geschiedenis van elk van die slachtoffers te kunnen reconstrueren. Dat is onze wens, zodat zij erkenning en herstel krijgen. De grote kracht van deze resolutie waaraan we allen hebben meegewerkt, is dat we tot een consensus zijn gekomen over alle fracties heen. Deze resolutie is het sluitstuk van alle regionale parlementen en van de Senaat. Voor ons is het belangrijk dat we aan de slachtoffers één globale, persoonlijke, juridische, materiële en historische oplossing bieden.

CD&V heeft destijds een hele reeks amendementen ingediend en daar werd overal aan tegemoetgekomen. Ik duid de belangrijkste aan, die we terugvinden in de vragen aan de regering. Het gaat over een uitvoerig historisch onderzoek naar de rol van de burgerlijke en kerkelijke overheden in de behandeling van de metissen in de koloniale tijd in Belgisch Congo en in Rwanda-Burundi.

Aanvullend hebben wij als CD&V in de vragen aan de regering de nadruk gelegd op het belang van een inventarisering van alle persoonlijke dossiers van de metissen. Hierbij moeten onderlinge verbanden kunnen worden gelegd, zeker wanneer men te maken heeft met tal van naamsveranderingen of foutieve spellingen van namen.

Bovendien pleit CD&V in de vragen aan de regering ervoor dat de regering de nodige contacten legt om ervoor te zorgen dat de archieven van religieuze congregaties of andere verenigingen die zich in Rome bevinden, toegankelijk zouden worden gemaakt. Op die manier kunnen de metissenkinderen inzage krijgen in hun persoonlijke dossiers.

Tot slot zou ik willen zeggen dat deze resolutie uiteraard onze volle steun krijgt. Voor CD&V is dit pas een geslaagd voorbeeld van cocreatie wanneer het geen dode letter blijft. Vanuit deze resolutie moet de federale regering concrete acties ondernemen om het gepaste herstel te geven aan de kinderen van de kolonisatie of de metissen. Wij zullen daar vanuit onze fractie nauwgezet op toezien.

Ik dank u voor de goede samenwerking. Wij hopen dat er actie zal komen vanuit de federale regering.


Fatma Pehlivan Vooruit

Mijnheer de voorzitter, collega's, mijnheer de minister, vertegenwoordigers van de metissengemeenschap, ik heet u welkom in het halfrond.

Collega's, de voorliggende resolutie kaart een belangrijke historische schuld van de Belgische Staat en de samenleving aan, namelijk de manier waarop de metissenkinderen zijn behandeld en de manier waarop zij tot op vandaag de gevolgen daarvan dragen.

De kinderen die uit relaties tussen Afrikaanse vrouwen en blanke mannen in de vroegere Belgische kolonies zijn geboren, werden door de Belgische overheid als een schande en een probleem beschouwd. Afrikaanse vrouwen die een traditioneel Afrikaans huwelijk met een blanke man hadden, werden niet als een volwaardig gezin erkend. De vaders die toch doorzetten en hun kinderen als een deel van de familie wilden opvoeden, werden door het koloniaal bestuur het leven zuur gemaakt. De kinderen werden als onwettig beschouwd en smalend halfbloeden, mulatten en kinderen van de zonde genoemd. Dat zijn benamingen die voor de metissengemeenschap nog altijd veel pijn met zich brengen.

Collega's, die kinderen kregen in de kolonies geen kans op een normaal leven. Zij werden geweerd uit scholen, weggerukt bij de moeder, gedwongen in instellingen geplaatst en aan de vooravond van de onafhankelijkheid naar België of naar andere delen van Europa overgebracht, naar families en pensionaten maar ook naar weeshuizen, internaten en instellingen voor moeilijk opvoedbare kinderen. Vaak werden broers en zussen van elkaar gescheiden en werd alle contact met, of zelfs kennis van hun ouders onmogelijk gemaakt.

De erkenning van het historisch onrecht dat deze kinderen werd aangedaan heeft de Belgische Staat te lang genegeerd. De rechten die deze kinderen hadden of de rechten van hun Afrikaanse moeders waren irrelevant. In de ogen van de koloniale staat waren deze kinderen alleen maar een probleem om te behandelen, een schande om te verbergen.

Dit historisch onrecht heeft een ondraaglijke impact op het leven van honderden mensen gehad. Families werden verscheurd en vonden elkaar tot op de dag van vandaag niet terug. Deze kinderen hebben als volwassenen, zestig jaar na datum, hun ruggen gerecht en hun fierheid teruggevonden. Zij spreken ons nu aan om na te denken over de gevolgen van de kolonisering voor de hele gemeenschap.

Collega's, ik vind het ontzettend belangrijk dat we in de Kamer naar de betrokkenen hebben geluisterd. Tijdens de hoorzitting konden de metissen in België met roots in Congo, Rwanda en Burundi, en die innig verbonden zijn met de Belgische samenleving en geschiedenis, in de Kamer en de Senaat over hun leven getuigen. Het waren diep persoonlijke getuigenissen die geen enkele fractie onberoerd hebben gelaten.

Deze resolutie die Kamerbreed wordt gesteund en gezamenlijk door oppositie en meerderheid werd opgesteld, is een morele plicht voor de Belgische Staat om de fouten van het verleden goed te maken.

Hoe positief ook het erkennen van dit historisch onrecht is, het is belangrijk dat we ons niet beperken tot een symbolisch gebaar. Het is aan de regering om zo snel mogelijk werk te maken van de actieve ondersteuning van verder onderzoek die verscheurde families weer bij elkaar kan brengen vooraleer het te laat is.

Collega's, het moment is aangebroken om de metissengemeenschap te omarmen, ons te verontschuldigen en hun wonden te helen. Het is nu aan ons om samen met hen het verleden op een correcte manier te verwerken.


Benoît Hellings Ecolo

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, je m'adresserai tout d'abord au public qui nous écoute depuis environ six heures. C'est bien la preuve que, dès qu'il s'agit d'un passé colonial, il faut du temps pour trouver des solutions. Vous l'avez expérimenté aujourd'hui. J'en suis sincèrement désolé.

Durant ce débat, nous avons entendu l'expression d'énormément de douleur ainsi que l'évocation de beaucoup d'horreurs - comme l'a rappelé M. Miller, je n'y reviendrai pas. C'est un fait: aujourd'hui, tous les Belges, et nous en sommes les représentants, n'assument toujours pas leur passé colonial, qui fait l'objet d'un refoulement. Ce soir, nous allons franchir un premier pas. Comme l'a annoncé Mme de Coster, qui a pris l'initiative de cette proposition de résolution avec M. Crusnière, nous allons assumer une toute petite part d'ombre.

Les métis sont l'incarnation, au premier sens du terme, de la colonisation belge. En effet, par leur corps, par leur histoire, ils illustrent notre passé colonial en Afrique. Aujourd'hui, nous reconnaissons la responsabilité de la Belgique et de ses diverses autorités, qu'elles soient étatiques, religieuses ou économiques, dans votre souffrance. C'est par une proposition de résolution qui sera votée à l'unanimité, j'en suis sûr, que nous allons la reconnaître solennellement, tout comme nous allons reconnaître la responsabilité de la Belgique, comme héritière de l'État colonial, dans vos souffrances.

Je tiens à vous dire que nous sommes désolés, même si, individuellement, nous n'avons rien à voir en tant que représentants du peuple belge avec les exactions du passé. Cependant, nous sommes les héritiers de cet État colonial, y compris de l'État indépendant du Congo, et nous avons une responsabilité que nous assumons ici devant vous.

Concrètement, cela signifie que l'État belge devra tout mettre en œuvre à partir de demain pour vous rendre accessibles les archives nationales, mais aussi étrangères, qui recèlent des données particulièrement essentielles pour connaître le parcours de vos parents.

En particulier, je pense aux archives des Pères blancs et des Sœurs blanches non encore cités par les collègues et dont on a longuement discuté en commission. Ces archives sont aujourd'hui à Rome. Nous interviendrons, je pense, auprès de notre ministre des Affaires étrangères pour qu'il agisse auprès de nos représentants, nos diplomates en poste à Rome auprès de l'État italien mais aussi auprès du Vatican, afin que ces archives cruciales pour connaître le passé de vos parents puissent vous être accessibles.

Il me semble que nous devons aussi faire un effort en Belgique pour non seulement donner au gouvernement la tâche d'ouvrir ces archives, mais aussi pour faire la part essentielle entre le respect important de la vie privée - je me bats à cette tribune pour cela -, et la déclaration solennelle de votre droit à connaître vos origines; cela prime sur la vie privée, en l'occurrence ici il est question de dossiers datant de plus de 57 ans!

Vos histoires, votre histoire de métis, 57 ans après l'indépendance du Congo, du Rwanda et du Burundi, font penser à d'autres histoires de la colonisation comme, par exemple, des restes humains entreposés dans des institutions scientifiques fédérales. On pense aussi à ce débat en cours dans nos communes et, en particulier, à la Ville de Bruxelles et dans les communes bruxelloises sur la place à donner à Léopold II pour ce qu'il représente dans l'histoire des colonies belges. Je pense aussi à d'autres sujets, comme la mort tragique, toujours non élucidée, du secrétaire général de l'ONU, Dag Hammarskjöld.

Le point commun entre toutes ces histoires est notre passé colonial. Mais, trois choses sont communes à toutes ces histoires coloniales. La première est la question des archives. Aujourd'hui, dans votre cas, vous les métis, et dans tous les autres dossiers, on constate la mauvaise volonté de l'État lorsqu'il s'agit d'ouvrir des archives sur des dossiers aussi essentiels que notre passé colonial.

Dans tous les dossiers que j'ai cités, les archives sont rendues difficilement accessibles. Il faudra un travail de fond pour rendre ces archives accessibles.

Deuxièmement, il est très difficile de retranscrire clairement ce qu'il s'est réellement passé. Aujourd'hui, 57 ans après l'indépendance de nos anciennes colonies, nous ne pouvons consulter une histoire écrite sur des milliers de pages sur ce qu'il s'est réellement passé en Afrique centrale, sous la domination des autorités belges, que ce soit l'État colonial ou les entreprises financières, industrielles comme la Générale de Belgique ou l'Union Minière.

Vous, les métis, vous avez été particulièrement victimes des autorités religieuses, catholiques et protestantes. Nous, députés, représentants du peuple belge aujourd'hui, sommes responsables de ce passé colonial incarné par l'État belge et par toutes les institutions qui ont joué un rôle dans la colonisation de l'Afrique centrale.

Troisièmement, la Belgique n'assume pas et ne reconnaît pas encore le contenu de tous ces dossiers. C'est la raison pour laquelle, avec quelques collègues, nous avons travaillé à l'établissement d'une résolution qui demande à ce que la Belgique entame un travail de reconnaissance de ce qui s'est passé et de ce qu'était le processus colonial dans son ensemble, dans ses dimensions économiques, industrielles et politiques.

M. Richard Miller a rappelé assez longuement, en citant des propos qui se sont tenus parfois ici, à quel point, l'idéologie coloniale constitue un processus excluant qui explique peut-être ce qu'est le racisme aujourd'hui.

Nous en sommes aujourd'hui à la première étape et, même si je suis conscient que le rapport des forces politiques ne nous amènera pas à voter un jour une résolution globale visant à reconnaître la responsabilité de la Belgique au terme d'un processus scientifique approfondi et correctement financé, je pense que nous avons travaillé d'une façon correcte, majorité et opposition, tous groupes politiques représentés. C'est la raison pour laquelle cela a fonctionné car, dès qu'il s'agit de reconnaître un passé, la majorité et l'opposition doivent travailler conjointement, de façon consensuelle.

Sinon, on peut avoir raison tout seul d'un côté de son banc, mais le résultat n'est pas là. Le résultat, dont on peut se féliciter aujourd'hui, est celui de dire que la Belgique reconnaît sa responsabilité dans la situation des métis en particulier. J'aimerais un jour qu'on puisse faire le même constat et que l'entièreté de l'hémicycle puisse reconnaître la responsabilité de la Belgique dans le processus colonial.

Aujourd'hui, vous, les métis, êtes la première étape de ce grand processus qui ne fait que commencer.


Georges Dallemagne LE

Monsieur le président, je voudrais me réjouir, avec mes collègues, de l'adoption de cette résolution. Je voudrais également féliciter les représentants de l'association des métis de Belgique car c'est le fruit d'un long travail, qu'ils ont démarré il y a des années auprès des différents parlements, députés et groupes, notamment au Sénat et au Parlement bruxellois. Il était nécessaire de mener ce travail dans les différentes assemblées pour nous sensibiliser à cette histoire et pour faire en sorte que chacun puisse, aux différents niveaux de responsabilités, accompagner les recommandations de cette résolution.

Cette résolution, c'est d'abord un travail de mémoire par rapport à une histoire qui était très peu connue, si pas inconnue, par rapport à une histoire qui était cachée, une histoire "honteuse", une histoire de racisme, une histoire de ségrégation, une histoire de discrimination. C'est d'abord ce travail-là qui était indispensable: pouvoir révéler cette histoire, pouvoir mieux la connaître, même si, finalement, on en connaît encore peu de choses. Il y a donc un travail d'accompagnement par le CEGESOMA qui sera très important pour continuer à poursuivre ce travail de mémoire et ce rapport que nous avons demandé pour la suite.

Ensuite, cette résolution est une promesse qui est faite à cette communauté que nous aurons à cœur d'investiguer dans les différents endroits où se trouvent encore aujourd'hui des éléments d'information qui permettront de retrouver les mamans et les autres membres de la famille, de retrouver ces histoires et peut-être retrouver des familles qui pourront renouer des liens.

C'est aussi une promesse de réparation, notamment à travers l'acquisition de la nationalité et par d'autres moyens. C'est aussi important parce qu'il s'agit de réparer une injustice qui a été créée à travers le traitement qu'ont connu ces métis, ces personnes.

C'est donc un aboutissement sur le plan parlementaire, dirais-je, mais à la fois le début d'une histoire de soutien, d'accompagnement et de reconnaissance, de réparation par rapport à cette communauté. Je voulais me réjouir avec mes collègues du travail ainsi effectué, de l'indispensable suivi et du soutien que méritera cette résolution dans les mois et les années qui viennent. Je vous remercie.


Olivier Maingain MR

Monsieur le président, chers collègues, c'est vrai que l'histoire politique d'un pays forge les consciences des citoyens, mais si l'Histoire a ses avancées, elle a aussi ses travers et ses injustices. À ce moment-là, ce sont les consciences qui doivent être interpellées!

Plus un État assume ses responsabilités et celles de son histoire, plus il peut en sortir grandi. C'est le message de cette proposition de résolution que j'ai eu le plaisir de cosigner avec mes collègues et pour laquelle je remercie M. Crusnière et Mme de Coster-Bauchau d'avoir pris l'initiative d'un texte commun qui a rassemblé l'ensemble des groupes politiques de cette assemblée.

À la suite d'autres assemblées parlementaires et d'autres institutions – Fédération Wallonie-Bruxelles, Sénat, Parlement flamand, Commission communautaire commune –, nous devons avoir la volonté d'assumer ces pages  sombres de l'Histoire lorsque – comme l'a rappelé si justement notre collègue Richard Miller en citant des propos qui aujourd'hui nous scandalisent encore plus – la volonté politique des dirigeants de l'époque était de mener des politiques de ségrégation avec la complicité d'un certain nombre de milieux et forces de la société, dont les Églises. Ces politiques de ségrégation ont été organisées dans nos colonies, à l'époque, au Congo et au Ruanda-Urundi, à l'égard de centaines d'enfants métis issus de l'union de mères africaines et de citoyens belges venus du pays.

J'avoue que je n'avais pas pris toute la mesure de la gravité de ce moment de l'histoire. Il se fait que j'avais lu un merveilleux livre de Didier Daeninckx, Galadio, qui relate le terrible sort fait aux enfants métis nés en Allemagne, après la Première Guerre mondiale, de l'union des soldats d'occupation de l'Allemagne après le traité de Versailles avec des Allemandes, et le sort terrible réservé à ces enfants au moment de la montée du régime nazi. C'est un live très interpellant.

Je pense avec émotion à cette lecture en découvrant ce qu'était l'ampleur de la ségrégation menée par notre pays au temps de sa période coloniale dans les pays dont les enfants métis sont issus. Notre histoire aussi est terrible et interpellante.

En somme, ce qui a toujours fondé les ambitions coloniales d'un certain nombre d'États, c'est le prétendu "intérêt supérieur de l'État", qui est le faux-nez de l'histoire, la fausse excuse de tous ceux qui n'ont jamais voulu assumer la responsabilité de leurs actes et des dirigeants de l'époque.

Il est vrai qu'on peut toujours s'interroger sur le sens des lois mémorielles. On sait qu'il se trouve des historiens pour en contester la pertinence, et qu'il se trouve aussi des historiens pour contester les initiatives des assemblées parlementaires qui veulent rappeler ce qu'étaient les responsabilités politiques de l'époque. Je ne partage pas le point de vue de ceux qui veulent confiner à la seule analyse scientifique historique la détermination des responsabilités des politiques menées à l'époque.

Je suis de ceux qui pensent que même si l'histoire fait porter un jugement sur les responsabilités, le jugement ultime doit appartenir aux citoyens et aux élus du peuple lorsque des faits d'une telle gravité ont été de la responsabilité des politiques. Voilà ce qui fait l'honneur d'une assemblée démocratique: c'est ne pas se réfugier derrière l'étude de l'histoire pour seul motif de justification de l'abandon de cette période dans la mémoire collective.

C'est vrai, nous avons un devoir de mémoire envers ces métis, leurs enfants et petits-enfants, qui restent encore aujourd'hui en quête de leurs racines, de leur histoire, de leur itinéraire de vie, non encore achevés, parce que l'intérêt supérieur de l'État a nié leur existence. Et la décision politique que l'on prend aujourd'hui, c'est de considérer que l'intérêt supérieur de l'État était tout simplement la fausse excuse de ceux qui ne voulaient pas assumer leurs responsabilités.

Nous devons donc, aujourd'hui, reconnaître la ségrégation ciblée, dont les métis ont été victimes sous l'administration coloniale du Congo belge et du Rwanda-Burundi ainsi que la politique d'enlèvement forcé qui l'a accompagnée. Non seulement nous devons condamner les dérives de la prétendue et fausse action civilisatrice de l'action coloniale avec son cortège d'exactions, de ségrégations, de discriminations, de souffrances, de blessures, de propagande raciste, d'exploitation des richesses, de violences, de traitements inhumains et dégradants de crimes, mais nous avons surtout un devoir de fraternité à assumer à l'égard de ces victimes.

C'est la raison pour laquelle, avec les autres groupes, nous demandons au gouvernement d'accorder une réparation non seulement morale mais aussi juridique aux victimes en mettant en place une procédure d'octroi ou de recouvrement de la nationalité dont ils sont originaires en les aidant à identifier leurs parents biologiques ou en assurant, en effet, ce travail de reconstitution de la mémoire à travers l'exploitation de toutes les archives disponibles et qui sont toujours aujourd'hui cachées ou occultées par volonté d'État.

C'est donc par cohérence avec les idéaux démocratiques qui ont toujours fondé notre engagement politique et notre travail dans cette assemblée que mon groupe soutiendra évidemment cette indispensable proposition de résolution, dont je remercie, une nouvelle fois, les auteurs.


Marco Van Hees PVDA | PTB

Monsieur le président, chers collègues, chers visiteurs, le PTB soutiendra cette motion qui va clairement dans le bon sens. À l'époque de la conquête coloniale, les théories racistes constituaient l'idéologie dominante en Europe. Afin de justifier le colonialisme, certains penseurs divisaient le monde en race inférieure et supérieure.

Le Congo belge était construit sur un modèle raciste. Le plus puissant chef congolais n'avait aucune valeur dans la société coloniale par rapport à un blanc vivant au Congo.

La société était structurée ainsi. Aucun Congolais ne pouvait accéder à un poste à responsabilités, faire de la politique, suivre des études.

Le fait que la société coloniale enlève des enfants métis à leurs parents noirs montre bien qu'il existait une vision avec une hiérarchie des races, considérant que la mère noire ne pouvait s'occuper des enfants à moitié blancs.

Comme l'a expliqué M. Assumani lors des auditions, le transfert des métis vers l'Europe n'est pas l'apanage de la Belgique, puisque la France a également transféré des métis eurasiens en France. Mais, à la différence de la Belgique, la France accordera, par décret du 4 novembre 1928, la nationalité française à tous les métis nés en Indochine, qu'ils soient reconnus ou non. Ce décret sera plus tard appliqué aux autres colonies françaises. La condition juridique des enfants métis nés aux colonies de parents légalement inconnus avait été fixée: en Afrique occidentale française par décret du 5 septembre 1930, dans la colonie de Madagascar et ses dépendances par le décret du 21 juillet 1931, en Nouvelle-Calédonie par le décret du 20 mai 1933 et en Afrique équatoriale française par le décret du 15 septembre 1936.

M. Assumani indique que la Belgique refusera, par contre, de donner la nationalité belge sous différents prétextes, à l'exception des métis reconnus. Les métis non reconnus ont généralement été considérés comme indigènes.

Ce texte n'est pas seulement un combat pour une meilleure reconnaissance d'une injustice d'enfants enlevés à leurs parents. Il est aussi le symbole d'un combat contre le racisme qui a servi à justifier la colonisation et, encore aujourd'hui, le néocolonialisme.

Cette initiative n'aurait jamais pu exister sans la lutte menée depuis de nombreuses années et encore menée, notamment par l'Association des métis pour la reconnaissance des méfaits qui ont été commis. Le fait que la Belgique ait mis autant de temps à reconnaître un élément aussi simple que l'accès aux archives pour retrouver leurs parents montre l'ampleur des obstacles à affronter.

La Belgique a donc fait des pas en avant sur la question du racisme et de son attitude coloniale. On peut citer le fait que le gouvernement a reconnu, en 2001, sa responsabilité dans l'assassinat de Patrice Lumumba et, aujourd'hui, la Belgique reconnaît l'injustice faite aux métis. Cela va dans le bon sens, même s'il y a encore du chemin à parcourir eu égard à cette dénonciation du racisme et des crimes de la colonisation. Un jour, il faudra bien reconnaître le soutien de la Belgique à cette odieuse dictature de Mobutu, ce qui, ensemble avec l'héritage colonial, a mené à la situation que connaît encore le Congo aujourd'hui.